Vous avez dit politique ?

Vous avez dit politique ? Non, petites phrases
et bons mots[1]… de nos politiques

Les grands de ce monde[2] souhaitent laisser une trace de leur passage, ainsi ils sont souvent de grands bâtisseurs[3]. Les monuments, les bâtiments[4] qu’ils font ériger[5] leur survivront, associés à leur personne, tel le château de Versailles du « roi soleil »[6], Louis XIV le Grand[7]. Parfois même ils porteront leur nom. Par exemple le Centre national d’art et de culture de Paris est appelé le Centre Georges Pompidou[8], du nom du président de la République française à l’origine de sa création. Le site de la Bibliothèque Nationale de France, inauguré[9] en 1995 à Paris, porte le nom du président François Mitterrand[10] qui avait décidé de sa construction. Mais par temps de crise économique et de restrictions budgétaires, l’heure n’est plus aux dépenses inconsidérées[11], alors que garderons-nous de nos chefs d’Etat[12] ?

Des petites phrases et des bons mots qui, l’air de rien[13], marquent les esprits de tous et s’inscrivent dans notre langue française. Réellement prononcés par nos gouvernants, parfois simplement attribués à eux, les Français aiment ces expressions, les citent ou les reprennent, telles des références ou des clins d’œil[14] que tout le monde connaît. Ainsi la phrase « l’Etat c’est moi » attribuée à Louis XIV, condense[15] en quelques mots sa conception absolue du pouvoir[16] et sa vision centralisatrice de l’Etat[17], qu’il mit en pratique durant son long règne.

Plus près de nous le malheureux « Je vous ai compris »[18] prononcé à Alger par le Général de Gaulle dans son discours adressé aux partisans de l’ « Algérie française »[19] le 4 juillet 1958, cristallisa[20] l’espoir d’une promesse par la suite estimée trahie[21]. En effet en 1962, suite aux accords d’Évian, l’Algérie française[22] obtint son indépendance.

Avec plus de hauteur[23] le président François Mitterrand avait repris la formule de Cervantès[24], pour caractériser[25] la vision qu’il avait de son action politique, en indiquant qu’« il faut laisser du temps au temps », en d’autres termes : il faut attendre le moment opportun[26] pour agir[27]. Ce rapport au temps, toujours lui, anime[28] notre jeune président Emmanuel Macron qui a déjà défini la façon dont il va gouverner, indiquant solennellement qu’il restera « Le maître des horloges ». En d’autres termes, notre président entend[29] lui-même fixer le rythme de ses réformes, de son action politique et ne cédera[30] à quelque pression que ce soit à cet égard[31].

Beaucoup moins majestueux[32], mais ô combien[33] truculent[34], tout le monde garde en mémoire le fameux néologisme[35] utilisé par le Président de la République Jacques Chirac en 2000. Interrogé par une journaliste sur l’affaire du financement occulte[36] de son parti politique, le RPR[37]  le Président Chirac a balayé la question d’un revers de phrase[38] en qualifiant[39] cette histoire d’«abracadabrantesque»[40].

Souhaitons que nos chefs d’Etats gardent le verbe[41] créatif, œuvrant ainsi à l’enrichissement de notre belle langue française.

 

Written by Florence and France-Marie, the wife and daughter of James Nott, a member of the Alliance Française de Geelong. We hope you enjoy them and learn some new French words along the way!

 

[1] Un bon mot : parole drôle et spirituelle.

[2] Les grands de ce monde : les gouvernants, ceux qui dirigent les pays.

[3] Un bâtisseur : une personne qui bâtit ou fait bâtir, construire, édifier.

[4] Un bâtiment : une construction, un édifice.

[5] Eriger : placer (un monument) en station verticale, dresser ; construire avec solennité.

[6] Le roi soleil : surnom du roi de France Louis XIV.

[7] Louis XIV le Grand : Roi de France de 1643 à 1715.

[8] Georges Pompidou : président de la République française de 1969 à 1974.

[9] Inauguré : ouvert au public solennellement.

[10] François Mitterrand : président de la République française de 1981 à 1995.

[11] Une dépense somptuaire : une dépense de luxe.

[12] Un chef d’Etat, au pluriel : des chefs d’Etat.

[13] N’avoir l’air de rien : avoir l’air insignifiant, sans valeur, facile, mais être en réalité autre chose.

[14] Un clin d’œil, au pluriel des clins d’œil ou des clins d’yeux : mouvement rapide de la paupière, clignement, pour faire un signe.

[15] Condenser : résumer.

[16] Sa conception absolue du pouvoir : Louis XIV régnait en roi absolu, il ne voulait pas partager ses pouvoirs avec ses ministres, mais décider de tout.

[17] Sa vision centralisatrice de l’Etat : toutes les décisions importantes pour le pays étaient prises par Louis XIV, il était le centre du pouvoir.

[18] A voir et entendre sur le site : www.ina.fr/video/l00012428

[19] Les partisans de l’ « Algérie française » : ceux qui voulaient que l’Algérie reste une colonie française.

[20] Cristalliser : fixer.

[21] Trahir : tromper.

[22] L’Algérie française : colonie française.

[23] Avec plus de hauteur : avec plus de noblesse intellectuelle.

[24] Dans son Don Quichotte : « Laisser du temps au temps ».

[25] Caractériser : définir.

[26] Opportun : favorable.

[27] Voir le site : www.mitterand.org›Lalettre›Lalettren°51 

[28] Animer : inspirer.

[29] Entendre : avoir l’intention, la volonté.

[30] Céder : se soumettre, obéir.

[31] A cet égard : à ce sujet.

[32] Majestueux : noble, solennel.

[33] Ô combien : tellement.

[34] Truculent : haut en couleur (très coloré), étonnant et réjouissant par ses excès.

[35] Néologisme : un mot nouveau ; créé par le poète Artur Rimbaud dans son poème Le cœur volé (1871).

[36] Occulte : caché,  gardé secret.

[37] Le RPR : Rassemblement pour la République, crée en 1976, disparu en 2002.

[38] Balayer d’un revers de phrase ; l’expression exacte est balayer d’un revers de main : signe que l’on fait avec la main pour exprimer son désaccord, son rejet de quelque chose.

[39] Qualifier : définir.

[40] Abracadabrantesque : complètement abracadabrant, totalement incroyable. A voir et entendre sur le site : www.ina.fr/video/l09036599

[41] Le verbe : le langage, la langue.